Une expérience extraordinaire : A la découverte du MAKAY

Au mois d’août dernier, j’ai eu le privilège de rejoindre l’expédition d’Evrard Wendenbaum de l’asso Naturevolution dont le but était l’exploration d’un massif méconnu de Madagascar, situé au nord du parc national de l’Isalo, le Makay…

Pourquoi le Makay ?

Ce massif montagneux situé au Sud-Ouest de Madagascar est un grand plateau (150 x 50 km), essentiellement gréseux entaillé par des rivières qui forment des canyons de plusieurs centaines de mètres de profondeur et aux parois verticales impressionnantes. Les rivières sont bordées de forêt mais la végétation sur le plateau est beaucoup plus clairsemée. Les pluies tropicales provoquent une forte altération du grès qui se traduit par des éboulements, la formation de grottes, et de grandes quantités de quartz blanc au fond des canyons.
Le massif est isolé et possède de nombreuses espèces animales et végétales endémiques, d'où l'intérêt de la sauvegarder et de la protéger. Elle est habitée par les Barâ, peuple semi-nomade, principalement éleveur de zébus.
Ils ont l'habitude d'allumer des feux de forêt pour fertiliser les zones cultivées (le "tavy") et cela se traduit par une déforestation qui met l'équilibre écologique de l'ile entière en péril...

Avant de détailler ce périple, sachez que ces 18 jours m’ont permis de vivre une aventure extraordinaire, difficile de revenir à la réalité… s’il est possible de passer à autre chose après des moments incroyables comme ceux que j'ai eu la chance de vivre…et que j'espère revivre très bientot !!

Pour commencer, l’aventure n’aurait pas été ce qu’elle a été sans l’équipe de 20 personnes. Le staff se compose d’Evrard de Naturevolution, fan du Makay et des lémuriens, un explorateur qui m’a permis d’apprendre sur moi-même et d’aller au-delà de ce que je me croyais capable… et de Tsaritsamamy dit Mamy, un collaborateur malgache de l’asso partenaire "L’homme et l’environnement". Avec eux, Bernard, Stéphane, Patrick et Flore travaillant pour des structures touristiques, qui viendront bientôt avec des clients dans le Makay.

Le groupe se composait ensuite de « challengers » ayant participé à une opération de récolte de fonds pour cette mission : Antoine, le « geek », Emmanuel, le « Indiana Jones », Juliette, la « je suis spéciale mais je l’assume », Gaétan « mon petit frère adoptif » et Vincent, le « à part ».
Pour finir, les éco volontaires dont je faisais partie, avec Sophie, notre "maman attentionnée", Camille, ma "masseuse préférée", Elodie, ma coloc de tente, Marion et Baptiste, nos dentistes, Alon le photographe et Gérard le doyen.

Staff de l'expé :Mohidine, notre cuistot et l'équipe de porteurs.

Une partie de l'équipe : 

L'album photos de l'équipe c'est ici !

L'aventure a commencé lundi 4 aout avec un horaire qui nous suivra pendant toute l'expédition...

 lever 5H30... 

Tout le monde se répartit dans les 4x4 direction Antsirabe via la RN7. Je vous avoue que c'est bon

 de quitter la ville de Tana, ses odeurs, ses embouteillages, sa pollution... Et que j'ai besoin de vacances, tout comme les élèves de l'école de Beravina qui profitent de 3 mois de congés... 

L'ambiance dans le 4x4 est excellente, sans doute parce que nous sommes tous excités à l’idée des prochains jours. MARIO notre chauffeur conduit bien et arrive à se sortir d'embuches semées sur le chemin... il mérite son surnom de “Mario Kart”. Il joue aussi au Dj et nous sert un pot pourri de musique Malgache. 

A Antsirabe où nous déjeunons, nous bifurquons sur le RN34 vers Malimbandy, que nous rallierons à la nuit tombée pour camper... 

Courte nuit, ronflements et hurlements de chiens n’aidant pas au sommeil… les boules quies seront de rigueur les prochains jours :)

Deuxième journée de 4x4 via une piste de terre et de sable pour rallier Mandronarivo au nord du Makay. Sur la piste, nous croisons quelques villageois... je me demande toujours ce que ça doit être d'habiter dans un massif comme celui-ci... éloigné de tout... 

La nuit nous rattrapera et nous obligera à improviser un bivouac à quelques km de Mandronarivo que nous atteindrons le lendemain matin...

L'album photos des 2 premiers jours en 4x4 c'est ici !

Nous profiterons donc de cette journée

 dans ce village du nord du Makay pour sensibiliser les habitants à la gestion des déchets... qui jonchent le sol du village. Nous organisons un jeu en formant des équipes. Aprés avoir identifier les dechets "communs", chaque équipe part dans le village et  doit rapporter le plus de déchets dans notre « cercle » . Ma petite équipe composée des 4 copines Njata, Soniah, Model et Toja, aidées de Gaétan, est active mais ne nous permet pas de gagner. Mamy prendra un malin plaisir à essayer de departager les équipes en sollicitant tout le monde qui ne

se gêne pas pour crier!

 C'est dans ce village que j'aurai mon premier coup de coeur pour la petite Njata, qui a 12 ans parle déjà un trés bon français ! Elle m'a confirmé que les malgaches, quoiqu'on en dise, veulent s'en sortir et devenir des personnes qui comptent... un jour peut etre Njata sera politicienne comme elle le souhaite... et j'espère être là pour l'applaudir ! 

C'est aussi ici que je verrai mon premier lémurien en captivité... n'ayant pas l'air trop malheureux... faisant des papouilles à la dame le portant à l'avant... et à l’arrière son magnifique bébé. 

La sauvegarde des lémuriens est une des raisons pour laquelle Evrard fait régulièrement des expéditions dans le Makay... La protection de leur habitat = la foret est donc primordiale...

Comme les deux premiers soirs, nous installerons le bivouac au bord d'une magnifique rivière. L'eau... denrhée au combien importante et encore plus dans un massif comme celui-ci... nécessaire pour boire, préparer à manger, se laver... Nous nous sentirons d'ailleurs tels des acteurs d'un film... les villageois se régalant de nous regarder... montant nos tentes, nous lavant dans la rivière, faisant notre lessive... Je comprends leur curiosité et me mets à leur place... ils n'ont pas souvent l'occasion de cotoyer 20 blancs... et nos modes de vis sont tellement à l'opposé des leurs... 

C'est de Mandronarivo que nous débuterons notre exploration du Makay, avec 5 jours de trek aventure.

Au briefing, Evrard avait été clair... nous allions parcourir le massif grace à des cartes google earth... pas vraiment fiables... et sans notion de reliefs... L'objectif : explorer des circuits encore inexplorés... sans savoir si ça passera partout... Ce massif étant trés sauvage et difficile d'accés !

Pour cette première journée de trek, ce sera 11H de marche... au lieu de 6H prévues initialement...

Départ tôt du village – il a fallu séparer nos affaires, une partie nous suivra avec les porteurs,  recrutés dans le village, l’autre partie sera portée au campement via une charrette…enfin.. ça c'était le plan initial...
Nous débutons la marche, guidés par un malgache que nous croisons à quelques km de Mandronarivo.. perdu au milieu de nulle part... Il marchera quasiment 4H avec nous, avant de retourner chez lui, seul.

Les surprises étaient au rendez pour cette exploration, le chemin plus long que prévu, les difficultés reelles... Marche dans le sable... marche dans l'eau... marche en foret... Avec le massif en fond d'ecran et la reelle envie d'atteindre le bivouac prévu... dans une grotte ! 
Arrivée à la grotte … il fait nuit… dernière ascension avec Bernard et quand j’entends au loin Evrard annonçant l’arrivée a la grotte je mets le turbo !!
L’endroit est splendide, grotte avec petite source, endroit très venté ce soir là... Nous mettons la tente à l’abri... Après la mission "trouver du bois mort pour le feu", le diner, nouos tombons tous comme des mouches...

L'album photos des jours 3 et 4 c’est ici

C'est au réveil, avec le lever de soleil, que je prends conscience de la chance d'être là... au milieu de nulle part... Me retrouver face à moi même, prendre du temps et du recul, vivre une expérience de groupe, cela faisait beaucoup d'objectifs... Mais en regardant le soleil se lever au coeur de ce massif, je me dis que l'objectif réel est de vivre dans la nature ! celle qui vous fait sentir vivant ! à sa place...

Après un bon petit dej, nous rassemblons nos affaires et le groupe part de bonne heure pour notre seconde journée d'exploration... Nous traverserons une plaine d’herbes hautes et piquantes, pour trouver ensuite le lit d’une riviere, sèche à cette saison... bordée de "cheminées de fées" et c'est en cherchant sans grand succés de l'ombre que nous progresserons difficilement dans le sable... sous une chaleur extreme…
Parfois j'ai même eu l'impression d'avoir des hallucinations mais non... ce sont bien des visages qui se dessinent sur les parois, etranges mais splendides ! Cette journée sera l'occasion de voir un tombeau niché dans la paroi d'une montagne, de magnifiques sauterelles et des scorpions... 

Nous arriverons après 7H de marche au lieu de bivouac. Evrard a bien choisi, l'endroit est splendide, un petite plage avec canyon en arrière plan :) Nous resterons deux nuits sur ce bivouac…

Le 3ème jour de marche, ce sera exploration des alentours du bivouac avec un objectif : prendre de la hauteur !
Nous avancerons difficilement à cause d'une foret de bambous et de lianes… heureusement, nous avons pris deux porteurs qui savent manier la sagaie ! C'est en file indienne que nous progressons pour sortir de ce canyon avec des moments "difficiles" où nous serons aidés de la corde...
Nous commençons ensuite l'ascension pour atteindre un sommet et là… la récompense avec une vue splendide sur le massif…
L’occasion de pause photos de tout le monde avant de continuer notre "chemin" et redescendre ! 
Vaincre son vertige... je me dis à chaque fois qu'un jour ça finira par passer, mais non ! donc c'est avec les jambes tremblantes que je suis le reste de l'équipe sur la pente escarpée qui nous mènera dans le lit d'un canyon... juste splendide ! C'est là que se trouve la source de la Morondave. Et les lémuriens, des sifakas sont au rendez vous !
Retour au bivouac, c’est la pleine lune ce soir… l'occasion de partager un apéro (le rhum se marie au thé).

L'album photos des jours 5 et 6 c'est ici

Une semaine que nous sommes partis... 4 jours sans un village... ni ame qui vive... chaque matin est l'occasion d'une question : quelle aventure va être cette nouvelle journée ?
Nous quittons au petit matin notre bivouac où nous étions bien posés ces deux derniers jours…
Au programme une journée d'incertitude, la journée ! Lors du briefing Evrard avait insisté sur ce tracé, en nous montrant des plans de google earth où un lavaka (effondrement) et un lac se dressaient sur le tracé du trek...

Nous attaquons la matinée de marche et de galères… encore des bambous… et une progression au ralenti ! Je suis hallucinée par les porteurs qui marchent plus vite que nous... chargés comme ils sont... Quel talent ! C'est aussi un moyen pour eux de gagner pas mal d'argent, et dans ce coin de Mada, ils ne font pas la fine bouche...

Nous arrivons enfin au lavaka… somptueux mais effrayant... Evrard décide de le descendre pour inspecter le chemin et trouver le lac qui est censé être derrière... Nous attendrons 2 heures durant, sans rien dans le ventre depuis le matin et à 15H Evrard revient de son « exploration » en nous disant : on peut y aller ! sauf que descendre le lavaka parait impressionnant… Mais quand faut y aller... Ni une ni deux, Steph et Mamy sécurisent avec une corde et l’équipe commence à descendre un par un, puis c’est au tour des porteurs.
Vue l'heure tardive et le temps que prendrait la traversée du lac pour toute l'équipe et les porteurs... nous profitons de notre chance, au coeur de ce splendide endroit, et décidons de bivouaquer ici. Beau cadeau pour Gaétan qui fête ses 20 ans aujourd’hui :)
Nous profiterons de la nuit pour explorer les canyons aux alentours à la recherche de microcebus, petits lémuriens nocturnes mais sans résultat.
Comme c’est bon de marcher de nuit, la fraicheur et la clarté de la lune sont tres appréciables aprés cette journée trés chaude ! Dire que c'est l'hiver à Mada... Je n'imagine même pas faire ce trek en décembre !!

Le 8ème jour commence par ... la traversée du lac… moment épique… la terre est comme de la glue, très argileuse. Evrard aux commandes, je ne fait que profiter de ce moment incroyable, les falaises qui nous entourent sont impressionnantes !
A l‘arrivée, un feu a été allumé... il est tôt, il fait encore frais et nous sommes mouillés par la traversée ! Certains en profitent pour se faire des masques de beauté, testant l'argile du Makay :)
L'équipe réunie se met en route et nous attaquons une descente vertigineuse d'un canyon chargé de pierres… l’épreuve n’est pas simple mais tout le monde s’en sort très bien.
Plus loin en chemin, nous sommes surpris de voir des centaines d’oiseaux tournoyés au dessus de nos têtes… ces rapaces ne sont pas là par hasard puisque très rapidement, une odeur affreuse se dégage et nous apercevons la dépouille d’un zébu mort… 
Les porteurs ne voudront pas laisser cette viande même avariée et en porteront chacun un morceau avec eux… Cette odeur nous suivra toute l’après midi mais aussi au campement le soir…
Poursuivant notre chemin, nous longeons une rivière avec encore la visite de sifakas, puis dernière ligne droite, la vertigineuse et dangereuse descente vers une forêt. Celle-ci sera la cerise sur le gâteau de la journée... truffée de poils à gratter...qui nous fera progresser très très lentement … heureusement à l’arrivée au bivouac vers 16H un feu soulagera nos démangeaisons !!

L'album photos des jours 7 et 8 par ici

9ème jour de l'expédition... et dernier jour du trek d'exploration... pour rejoindre Ménapanda, le campement de base de l'association.
Lever général à 5H40 pour partir tôt car une grosse journée de marche nous attend !
Nous remonterons une belle rivière ombragée, avec une forêt intacte puis traversée d'un canyon étroit avec de très belles perspectives, des parois dorées, splendides. Quelques acrobaties seront nécessaires pour se frayer un chemin… Nous sommes ensuite surpris par un éboulis... qui a causé un "barrage" stoppant l'eau du canyon et le transformant en lac !
C'est donc en bateau, qu'Evrard, Bernard et Stéphane, nous méneront de l'autre côté. La gorge qui s'ensuivra sera difficile à remonter mais nous offrira encore de belles images à garder en mémoire !
La sortie du canyon sera épique... puisque c'est avec une corde et encore quelques acrobaties que tout le monde se retrouvera en haut, fixé sur son rocher pour ne pas faire tomber de pierres en contrebas où le reste de l’équipe attend son tour pour grimper...
S'ensuivra une pause déjeuner avant de continuer dans le lit d'une riviere asséchée, la remontée d’un lavaka, la traversée d’une étendue d’herbes hautes puis redescente dans une rivière puis dans une autre que nous longeons en pleine nuit a l’aide des frontales.
J’avance dans le quatuor de tête, Antoine ouvrant le chemin et tombant du coup dans des sables mouvants… je n’y manquerai pas non plus… ensablée jusqu'à la ceinture… Heureusement Bernard nous avait donné l'astuce au cas où... se jeter en avant...
Humidité et nuit = difficile fin de journée !
C'est épuisé que nous atteindrons le campement où nous dormirons autour du feu (pas de tentes ni de sacs de couchage...) les porteurs s'étant perdu... Est ce la fatigue, le sac à dos, le stress, le soulagement d'atteindre le campement.. je ne sais pas... mais cette nuit là sera une nuit blanche avec de fortes douleurs aux côtes et au plexus...

Heureusement, les 4 jours suivants se passeront à Ménapanda :)

Ménapanda c'est le nom d'une rivière et d'une foret au coeur du Makay. Le campement est donc bien situé, au croisement de deux rivières et surplombé de belles montagnes…
La vie au campement sera rythmée par de trés bons repas, le retour de nos affaires qui s'étaient un peu perdu sur la charrette… des soirées autour du feu arrosées du bon rhum arrangé de Mamy et de pistaches... des travaux d'aménagement du campement... des explorations des alentours... des observations, comptage de lémuriens... de baignades... de soirées cinéma avec projection chaque soir d'un ciel étoilé phénoménal avec en guest star... la voie lactée !
Rythmée aussi par les visites de villageois des alentours venant proposer à manger (mouton, poulets, dindons, potamochère... tout y passera !). 

La veille du départ, nous nettoyons le campement et assistons à un défilé de malgaches  venant s'installer au campement, dans l'espoir d'être embauché le lendemain pour le portage des affaires jusqu'à Tsivoko... Je suis particulièrement émue par une maman qui est là... avec son enfant de 11 mois (prénommé Kadafi)… nous le nourrirons de « petits lait » mais le savoir à dormir dehors avec sa maman m’empêchera de dormir cette nuit là…

L'album photos des jours 9, 10, 11, 12 et 13 par ici

14ème jour, deux semaines déjà !
Départ de Ménapanda de bonne heure pour rallier rapidement le village de Tsivoko.
Nous longeons la rivière puis traversons une forêt. Comme il est agréable de marcher sur un sol préservé… Les porteurs ont le rythme ! et même de la musique ! Nous finirons par traverser un grand plateau de savane avant d’arrivée à Tsivoko, deux heures et demi plus tard. Le rythme a été soutenu dans l’équipée de tête ce matin ! mais je ne voulais pas perdre des yeux kadafi et sa maman…qui portait un de nos sacs...

Nous découvrons le village pendant qu'Evrard gère une réunion "administrative" à l’école...
Tsivoko est un village de 907 habitants… j’assiste a la naissance du 908eme habitant quasiment en direct en allant visiter le dispensaire avec mes deux nouvelles copines Ando et Voary… Quel choc… la dame accouche par terre sur des cartons… les gants en latex utilisés sont en fait lavés après utilisation et ré-utilisés…. 
Le village se compose de nombreuses maisons, faites en terre+bambous et toit de chaume.
Nous improvisons un déjeuner à l’epicerie et apprenons un changement de  programme... nous resterons dans ce village jusqu'à demain matin.
Nous allons profiter de la rivière dans l’apres midi… baignade et tir à la fronde avec des petits villageois venus affronter Evrard ...
L'asso a le projet de construire une école dans ce village... j'espère bien aider à ce que cela devienne réalité...
Le campement a été installé dans un champ de tamariniers à proximité du village.
Je passe pas mal de temps avec Ando et Voary rencontrées dans la matinée. Elles sont sœurs, originaire de Tana, leur maison est coquette, peu meublée et propre. Elle est entourée d’une petite barrière de bambous, et des poules et leurs poussins s’y baladent… Séance photos avec elles et les voisins... l'occasion de leur rapporter sera j'espère pour bientôt
Elles sont en mission pour deux ans ici... les infirmières sont rares...

15ème jour... Départ de Tsivoko pour Tanambao. Nous nous levons avec le soleil mais devons attendre les deux charrettes qui porteront nos sacs ! le départ ne se fait que vers 9H et nous prenons rapidement un bon rythme de 5,5km/h… plein ouest…
Après 5h de marche nous nous arrêtons dans un petit village fantôme (« Anjay »), épuisés… et affamés… la chaleur est étouffante…
Rapidement un villageois armé d’un fusil vient à notre rencontre… Mamy discute avec lui et nous nous déplaçons sous un manguier géant, au bord d’une petite rivière, en attendant que le villageois nous obtienne du riz et des oeufs. Quelle gentillesse… Finalement les charrettes arrivent et c’est Mohidine qui préparera le déjeuner en sacrifiant un des poulets de notre basse cour… en même temps un poulet pour 20… les portions étaient rikiki… 
Fatiguée et surtout, douleur aux côtes revenue, je décide avec Evrard de finir l’apres midi en mode « charrette ».
Dans la matinée, trois filles de la team avaient attendu leur passage sur le chemin et je les rejoins donc pour une après midi inoubliable sur cet engin de malheur ! Entre les sacs, le dindon, les canards.. les marmites... je ne vous cache pas que l'option confort était à oublier...
Ajoutant à cela que le charretier ne parlait pas un mot de français et ne comprenait pas mes mots en malgache… qu'il était accompagné par son fils qui passait son temps à courir derrière nous… Ajoutez également le fait que la 2de charrette s’est renversée… aie aie aie… S’en suivit un moment d’inquiétude sur le sort des 2 filles à bord… étaient elles sur la charrette au moment du retournement ?
C'est en arrivant au village de Tanambao, de nuit, avec l'aide des frontales, sur un chemin caillouteux… que nous sommes rassurées sur le sort de la 2de charrette qui nous rejoint quelques minutes plus tard.

C'est avec elles que nous rejoindrons notre équipe de marcheurs, dans un bar  improvisé, musique a fond... bière et rhum..
Le coucher se fera sur les berges de la rivière Mangoky, montage des tentes dans le noir...  difficile d’imaginer le magnifique paysage qui s’offrira à nous le lendemain matin !

L'album photos des jours 14 et 15 ici

16ème jour... départ de Tanambao pour une journée et demie de pirogue vers le sud du massif.
Après une nuit agitée… des coups de fusils non rassurants se sont fait entendre… des dahalos (voleurs de zébus, bandits redoutés du sud de Mada...), lever matinal, sur la plage, les villageois sont autour de nous, ils sont un peu comme au cinéma… posés à nous observer…
L'équipe se répartit sur 5 pirogues, et étrangement, je me retrouve sur la pirogue avec le groupe du 1^er jour dans le 4x4… Il n'y a pas de hasard je vous dis :) Sophie est la 1^ère à apercevoir un crocodile sur une berge… ça va il est petit… mais n’empeche, ça ne nous rassure pas trop… Et nous comprenons vite le "fady" (interdit, tabou malgache)... interdiction de sortir les pieds de la pirogue pour les mettre dans l'eau...
Journée au rythme de la pirogue, qui zigzague et prend son temps au rythme du "moramora" malgache. Il y a peu d'eau a cette saison, et le coucher de soleil nous oblige à improviser un bivouac sur les berges de la rivière… avec une belle forêt ornée d’un baobab géant en fond d'écran !
Seul hic... l’endroit est infesté de moustiques ! C'est donc près du feu que nous passerons la soirée, un bon moment pour debriefer de la mission.
Ce sera pour moi l’occasion de le remercier pour leur aide pendant le trek d’exploration où je suis allée au bout de mes forces… heureusement le mental était là…

17ème jour... réveillée par Evrard, j'assiste au plus beau lever de soleil de ma vie... Encore un souvenir gravé dans ma mémoire à jamais... Nous remontons sur les pirogues, sans Sophie mais avec le chef porteur March, et avec Camille et Gaétan nous composons la chanson du Makay... Il faut bien s'occuper :)  Je vous livre le début... sur un air connu d'Aznavour...

« Emmenez-moi dans le Makay…
Emmenez moi au pays des sifakas…
Là où nous marcherons ensemble,
du lever du jour à la nuit… »

Nous sommes suivis par Evrard qui est en mode « explorateur » dans son bateau gonflable :)  Antoine s’y mettra aussi, avec Sophie en passager… puis March… puis Elo !
Après un moment de peur suite à un souci de pirogue trop chargée... qui a donc coulé... entrainant la chute de quelques sacs, dont le mien, dans la rivière… nous arrivons à Beroroha, une ville qui fut dans le temps très développée (il y avait même un aéroport) et qui compte 3000 habitants. C'est la porte d’accès Sud du Makay. Juste à côté du débarcadère, nous visitons le terrain acheté par l'asso (à terme l'objectif est d'y installer quelques infrastructures pour recevoir les premiers éco-touristes du projet) mais décidons de ne pas y installer le bivouac... Nous dormirons dans l'école de la ville !
La chaleur est écrasante, j'en profite pour vider mon sac et entamer la phase séchage de toutes mes affaires tombées à l'eau... Ce sont des livres trempés que j'offre à la bibliothèque du village, que nous devions inaugurer lors de notre passage.

Financée par l'association, est elle gérée par l’association « 3A » récemment créée. Ca fait plaisir de voir ces jeunes malgaches qui ont envie ! Ils visent de nombreux objectifs allant de la mise en place de sites de conservation mais aussi la promotion de nouvelles méthodes d’agriculture.

C'est ici que je ferai connaissance d'un couple extraordinaire, Delanoue et Bryan, et de leur petite fille, Bryana. Nos routes se recroiseront c'est certain, nous n'avons pas coupé le contact et nous appelons régulièrement depuis :)

L'après midi sera consacrée à des activités à la bibliothèque, initiation à l'informatique, conversations en français... Et la soirée sera l'occasion de projeter le film d'Evrard aux habitants. Ils sont à quelques kilomètres d'un endroit merveilleux et en prennent conscience en voyant les images du Makay...
Un trés bon moment de partage pour nous tous qui s’achèvera par une nuit sur le sol dur de l'école...


Le lendemain matin, 18ème et dernier jour dans le massif... Nous quittons Beroroha de bonne heure. Petite traversée de la rivière Mangoky en pirogue puis marche jusqu’à Bemanah Morarano où nous attend un « camion brousse » dans lequel nous nous entasserons, à la malgache... mais dans la bonne humeur :)

L’objectif est d’atteindre Ranohira ! Nous longeons le massif de l’Isalo, toujours aussi impressionnant de beauté (mon premier trek à Mada fut dans ce massif en 2001…)
Il y a selon le chauffeur 80km mais nous roulons au pas sur de nombreuses portions de piste complètement défoncées…
Nous traversons des paysages de savane africaine, un relief ondulant à perte de vue, où nous croisons de grands troupeaux de zébus. Nous sommes ici en plein pays Barâ...
Nous arriverons en fin de journée à Ranohira où après un diner royal et mémorable... nous prendrons un autre taxi brousse. Remonter sur la capitale via la RN7 n'est pas une mince affaire... une nuit et une journée pour arriver à bon port !

Ici, l'album photos des 3 derniers jours

J'espère que ce récit et les photos vous donneront envie de venir à Madagascar... et peut être de vous investir dans une mission comme celle-ci...

A bientôt.

Christèle

Pour en savoir plus :

- Le film de 4mn de Laurent, qui a aussi parcouru le Makay en Juillet 2013, bon aperçu de ce nous avons vu : https://www.youtube.com/watch?v=MB0-bjUTV5w&list=FLnYD5BttHFbzLghQDvw5oXQ&index=14

- Le trailer du film d'Evrard Wendenbaum réalisé avec Canal+ : "MAKAY, les aventuriers du monde perdu" : http://vimeo.com/37661344